Rousseau : une conscience itinérante

Rousseau, penseur majeur des lumières, véritable « Newton du monde moral » (selon emmanuel Kant lui-même est un esprit aussi brillant qu’il est vagabond. En rédigeant ses « Confessions » il invente un nouveau genre littéraire: l’autobiographie. Certes il y a eu dans l’antiquité tardive les « Confessions » de Saint Augustin, mais l’évêque d’Hippone y parle essentiellement de son parcours religieux. Rousseau quant à lui nous conduit à explorer les tréfonds de l’âme humaine, les montées abruptes de la vertu et les descentes faciles du vice. Rousseau réussit le tour de force de nous parler à tous alors qu’il ne parle que de lui. Lui c’est nous, nous c’est lui. Il nous conduit des premières sensations de son égo dans sa chère Genève natale puis aux premiers émois de son moi dans le compagnonnage qu’il aura avec Madame de Warens. Femme qui sera à la fois sa tutrice, son amante et sa mère de substitution. Dans « Julie ou la Nouvelle Héloïse » il nous fait entrer dans le labyrinthe du coeur et de la passion amoureuse mais aussi dans le dédoublement du moi dans les jeux de dupes et d’hypocrites qui sont le lot commun des rapports sociaux viciés et vicieux qui règnent en maître dans les grandes villes, à commencer par Paris, ce « gouffre de l’espèce humaine. » Enfin, les « Rêveries du Promeneur Solitaire » nous conduisent à des hauteurs encore jamais atteintes, Rousseau a raté beaucoup de choses dans sa vie mais pas sa sortie!